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Sondage IFOP pour Darwin Nutrition : l’impact du confinement sur l’alimentation des Français.es

Nous avons demandé à 3000 Français.es de nous parler de l'impact du confinement sur leurs habitudes alimentaires. Poids, temps passé à cuisiner, conscience écologique, inégalités hommes / femmes : voici les résultats.

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Une équipe éditoriale spécialisée en nutrition. Auteurs du livre Les aliments bénéfiques (Mango Editions) et du podcast Révolutions Alimentaires.

Au début, on s’est demandé si on aurait assez à manger. Ou trop à manger. Comment préparer tous les repas, pour toute la famille, pendant une durée indéterminée ?

Puis il y a eu les millions d’échanges sur les réseaux, des recettes, des astuces, des lives sur Instagram pour faire soi-même son pain, cuisinier des épluchures, un véritable revival du food porn. Et des appels officiels à consommer Français, privilégier les filières locales, pour soutenir l’agriculture de notre pays.

Mais aussi des mises en garde. Une propagande contre les kilos menaçants du confinement. Des injonctions à garder la ligne – surtout pour les femmes, et encore plus que d’habitude – à faire des repas un évènement sacré dans la journée, pour garder le cap. Prendre le temps de cuisiner, ne pas « craquer » à la moindre frustration, craquer pour se faire du bien quand même parfois…

Si l’alimentation a toujours été un sujet culturel pour les Français.es (ne dit-on pas que nous parlons toujours de nourriture ou du prochain repas au moment même où nous mangeons ?), le confinement a exacerbé les passions. Et aussi les inégalités, sociales, et entre hommes et femmes.

C’est pour cette raison que Darwin Nutrition a commandé une grande enquête à l’IFOP, au cours de laquelle 3 045 Français.es ont étés interrogés sur leurs habitudes alimentaires à partir du 17 mars. Pour comprendre ce qui se passait dans nos assiettes, nos modes de consommation, notre rapport à la nourriture, et comment nous voyons la suite.

Le confinement fait légèrement grossir (et ce n’est pas grave)

Evacuons tout de suite le premier constat : non, vous n’êtes pas seul.e, nous avons en majorité pris un peu de poids (57% des sondé.e.s). 2,5 kg en moyenne depuis le début du confinement, et les hommes un peu plus que les femmes.

Le manque d’activité physique, le désoeuvrement, l’anxiété générés par l’enfermement et le grignotage qui en découle n’y sont pas étrangers. Mais le fait de grossir, n’a-t-il pas aussi été engendré par la peur même de grossir, de mal faire, de « rater » son confinement ?

poids coronavirus

On observe que les personnes au chômage, peu diplômées ou issues de catégories pauvres ont plus été touchées par cette prise de poids. Santé Publique France mène actuellement une enquête, qui démontre que le stress et la dépression lors de la quarantaine, touche beaucoup plus ces mêmes personnes.

Vers une alimentation plus saine ?

Une conséquence directe de cette prise de poids généralisée : 56% des Français.es ont envie de manger plus sain et équilibré après le confinement, sans pour autant faire de régime strict. En cela nous avons bien compris que le bien-être physique et psychologique ne provient pas tant de régimes restrictifs que du choix éclairé, de la qualité, et de la diversité de son alimentation.

Les femmes sont majoritaires à vouloir manger plus équilibré à la sortie du confinement (60% contre 51% des hommes), mais elles le sont aussi à vouloir faire un régime strict (21% contre 15% des hommes). On savait déjà qu’elles étaient les plus grandes consommatrices de compléments bruleurs de graisse.

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Qu’en est-il de la qualité des repas pendant le confinement ? On constate que 42% des Français.es consacrent plus de temps qu’avant à la préparation des repas, et 29% font plus d’aliments « maison », comme le pain et les yaourts. Par ailleurs, 21% des Français.es déclarent avoir moins recourt aux livraisons à domicile.

Consommer des produits locaux est un enjeu de plus en plus répandu. 35 % des sondé.e.s déclarent accorder plus d’importance au caractère local de leurs aliments depuis le 17 mars. La Ruche Qui dit Oui ! a ainsi vu son nombre de commandes tripler partout en France, et 30 000 nouveaux clients ont fait appel à ce réseau d’achat direct aux producteurs depuis le début du confinement.

Ils s’agit non seulement de consommer plus sain, mais aussi de soutenir les producteurs locaux.

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L’alimentation biologique n’est définitivement plus une tendance émergente mais un secteur « gagnant de la crise », qui devra se généraliser, pour notre bien et celui de la planète. Ainsi une enquête menée par le Boston Consulting Group suggère que les Européens prévoient de consommer plus de produits frais et biologiques dans les mois qui viennent (au détriment d’autres secteurs de dépense, comme la mode ou le luxe).

Ce n’est pas nouveau, mais les aliments issus de l’agriculture biologique sont encore l’apanage des catégories aisées, qui sont 24% à en consommer plus depuis le 17 mars, contre 16% toutes catégories confondues.

On ne constate pas d’explosion de la livraison de fruits et légumes ou de repas tout faits au domicile, bien qu’on constate une forte croissance des services de box et paniers repas à domicile.

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« L’Après » : une prise de conscience des enjeux environnementaux de l’alimentation, surtout chez les jeunes

Si les sujets tels que les circuits courts, le bio ou la production durable étaient déjà importants (au moins d’un point de vue symbolique) avant le confinement, ils le seront encore d’avantage à l’avenir. Des crises comme celle que nous traversons ont des effets dramatiques, mais peuvent aussi être des moteurs de changements incroyables.

La pandémie a-t-elle responsabilisé les Français.es sur les questions environnementales ? On l’observe pour les transports aériens, la consommation et le tourisme de masse, dont la réduction est perçue de manière bénéfique (pour la planète).

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Et nos pratiques alimentaires ne sont pas en reste, puisque 29% des Français.es déclarent qu’ils ou elles accorderont plus d’importance à l’impact de leur alimentation sur l’environnement après le 11 mai.

Pour mémoire, l’alimentation représente à elle seule un quart de l’empreinte carbone des Français.es, l’étape la plus polluante étant sa production.

Et « le monde d’après » ? La Génération Z et les millennials, tout en doutant de la capacité des institutions à avancer sur les questions environnementales, sont convaincus que la crise aura un impact positif sur la culture et la société, comme le confirme une étude de Vice Media Group.

Les jeunes, et notamment les étudiant.e.s, déclarent qu’ils accorderont plus d’importance à l’équilibre de leur alimentation post-confinement (42% des étudiant.e.s contre 33% toutes catégories confondues), et à l’impact de celle-ci sur l’environnement (37% des étudiant.e.s contre 29% toutes catégories confondues).

Les inégalités hommes / femmes exacerbées par le confinement

On aurait pu en toute logique espérer qu’à temps égal passé dans la sphère domestique, les hommes et les femmes se seraient approchés de l’égalité dans la répartition des tâches. Il n’en n’est rien, et c’est l’un des principaux enseignement de cette enquête.

Pendant le confinement, l’alimentation au sein des couples hétérosexuels est un vecteur de tension et d’augmentation des inégalités entre hommes et femmes. 42 % des sondé.e.s révèlent que la répartition de la préparation des repas a été un sujet de tensions au sein du couple, et seulement 21% des hommes déclarent participer plus qu’avant à l’élaboration des repas.

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Ce sont ainsi les femmes, qui pour 60% d’entre elles, prennent principalement la charge des repas au sein du couple…Contre 58% avant le confinement (sondage BVA de 2017) ! Les inégalités ont donc augmenté, et le déséquilibre demeure criant dans toutes les catégories sociales, et particulièrement chez les retraités et les catégories modestes et pauvres.

Les étudiant.e.s et les couples de moins d’un an sont les plus proches de la parité, sans pour autant l’atteindre.

La situation est encore plus asphyxiante qu’en temps « normal » puisque le nombre de repas à préparer a augmenté (parfois aussi le nombre de personnes par foyer), tout comme le temps consacré aux enfants.

Malheureusement, le sujet de la cuisine est toujours extrêmement genré. Et le confinement, loin d’avoir allégé la charge mentale (la charge tout court) des femmes en matière de préparation des repas, l’a intensifié.

Méthodologie : Étude Ifop pour Darwin Nutrition réalisée par Internet du 24 au 27 avril 2020 auprès d’un échantillon de 3 045 Français âgés de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.

Image : Pexels / Cottonbro