Alors que près d’un Français sur deux est concerné par le surpoids, trouver des solutions médicales efficaces pour lutter contre l’obésité est devenu un enjeu majeur de santé publique.
Autorisés seulement depuis 2024 sur le marché français, ces traitements initialement destinés à lutter contre le diabète, suscitent de nombreuses questions.
En tant que diététicienne, on me pose souvent des questions sur le fonctionnement de ces traitements plein de promesses. Je vous explique ici ce que j’ai rassemblé sur le sujet, pour comprendre leurs mécanismes et leur usages, et vous faire un avis éclairé.
Petit rappel : leur prescription est strictement encadrée en France. Ils sont remboursés sous certaines conditions seulement, et ne doivent en aucun cas être considérés comme de simples compléments alimentaires minceur.
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GLP-1 : une hormone clé pour la gestion du poids
Une hormone pour l’équilibre pondéral
Le glucagon-like peptide-1 (GLP-1) est une hormone intestinale produite après les repas.
Contrairement au glucagon, une hormone pancréatique qui libère du glucose dans le sang quand il manque, le GLP-1 contribue à réguler la glycémie et le comportement alimentaire.
Chez les personnes en surpoids ou atteintes de diabète, la sécrétion du GLP-1 est souvent diminuée, ce qui perturbe la satiété, la régulation du sucre et les sensations alimentaires.
Les trois actions majeures du GLP-1
Réguler la glycémie
Le GLP-1 stimule l’insuline lorsque la glycémie augmente et freine la production de glucagon.
Résultat : une baisse du sucre sanguin et moins de pics glycémiques.
Ralentir la digestion
Effectivement, l’hormone GLP-1 agit pour ralentir la vidange gastrique, ce qui :
- prolonge la satiété
- diminue la faim
- réduit la charge glycémique du repas
Agir sur le cerveau et réduire l’appétit
Autre fonction, le GLP-1 aide à réduire la sensation de faim en agissant indirectement sur le centre hypothalamo-hypophysaire. C’est un grand centre régulateur situé au niveau du cerveau.
Quelles actions attendre des analogues du GLP-1 ?
Imiter l’hormone naturelle
Plusieurs chercheurs, en s’intéressant à ces mécanismes, en sont arrivés à formuler les analogues du GLP-1. Cela dans le but d’imiter l’hormone naturelle, mais avec une durée d’action prolongée.
Concrètement : ils se fixent sur les mêmes récepteurs et renforcent les effets naturels du GLP-1. Avec pour conséquence une meilleure régulation de la glycémie, une digestion plus lente et une diminution de l’appétit.
Trois molécules sont à présent disponibles en France.
Le liraglutide
Il est le premier analogue du GLP-1 autorisé pour la perte de poids. Il s’administre chaque jour contrairement aux autres, car sa durée d’action est plus courte.
Connu sous le nom de Saxenda®, il agit en renforçant la production d’insuline, en réduisant la sécrétion de glucagon et en ralentissant la vidange gastrique.
Le sémaglutide
Administré une seule fois par semaine, il existe aussi sous le nom Ozempic® pour le diabète ou Wegovy®.
Il aurait des affinités supérieures avec les récepteurs GLP-1 du pancréas, et ceux du cerveau.
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Le tirzépatide
Plus récent, il s’agit plutôt d’un agoniste double GLP-1 / GIP, ce qui signifie qu’il stimule simultanément deux hormones incrétines. En pharmacie, on le trouve sous le nom de Mounjaro®.
Son administration est mensuelle, comme le sémaglutide, et réservée pour des cas précis de diabète de type 2.
Quels sont les résultats des études cliniques sur les analogues du GLP-1 ?
Point positif, la littérature scientifique documente aujourd’hui les effets de cette nouvelle génération de traitements anti-obésité.
Les essais cliniques menés auprès de milliers de participants montrent une perte de poids significative et des améliorations métaboliques durables. Tant que le traitement est poursuivi.
Parmi ces études cliniques que vous pouvez consulter : SCALE pour le liraglutide, STEP pour le sémaglutide et SURMOUNT pour le tirzépatide.
En croisant les résultats, les agonistes du GLP-1 permettent, en moyenne, une perte située entre 8 et 22 % du poids corporel. Cela selon la molécule utilisée, la dose et la durée du traitement.
Pour résumer, ces traitements améliorent la perte pondérale et d’autres paramètres métaboliques comme :
- la glycémie et de l’insulino-résistance
- le tour de taille et la graisse viscérale
- la réduction des risques cardiovasculaires
- la réduction des marqueurs inflammatoires
- la régulation de l’appétit, des fringales et des apports énergétiques totaux
Ce que vous pouvez retenir de ces molécules : leur efficacité pour aider à perdre du poids reposerait sur quatre actions. L’action hypoglycémiante, l’action sur la vidange gastrique et l’action cérébrale.
Les limites de ces traitements de perte de poids
Cependant, il faut souligner que 10% des patients ne perdraient pas de poids en moyenne, ou très peu.
Autre fait qui me semble tout aussi important de souligner : on observe une reprise du poids perdu durant l’année qui suit l’arrêt du traitement. 50 à 70% du poids perdu est repris en moyenne.
Cet effet suspensif du traitement démontre à mon avis leurs limites : les effets hormonaux cessent dès l’arrêt du traitement sans consolidation des habitudes de vie.
J’attire aussi votre attention sur les effets secondaires, relativement fréquents, en particulier en début de traitement :
- nausées, diarrhées, constipation, reflux
- fatigue, maux de tête
- inconfort digestif lié au ralentissement de la vidange gastrique
- perte de masse musculaire
La plupart sont transitoires et justifient des dosages progressifs, afin de les éviter. Toutefois, certains patients doivent réduire ou interrompre complètement le traitement.
Dans des cas plus rares, on a observé des pancréatites, des hypoglycémies ou des troubles digestifs persistants, d’où l’importance d’un suivi médical régulier.
Mon avis sur les traitements GLP-1
En tant que diététicienne, j’insiste : ces médicaments antidiabétiques et anti-obésité ne peuvent convenir à tous.
Les injections hebdomadaires peuvent lasser et être un frein quant à la bonne observance du traitement sur plusieurs années.
Ensuite, comme toute démarche de perte de poids, le risque de yoyo est réel.
Oui, les médicaments GLP-1 peuvent être un outil efficace pour accompagner une perte de poids, et je les trouve intéressants. Mais, ce que j’en pense : ils ne peuvent remplacer une approche globale incluant éducation nutritionnelle, activité physique régulière et soutien psychologique.
Sources et études scientifiques
Xavier Pi-Sunyer, Arne Astrup, Ken Fujioka, Frank Greenway, Alfredo Halpern, Michel Krempf, David C W Lau, Carel W le Roux, Rafael Violante Ortiz, Christine Bjørn Jensen, John P H Wilding; SCALE Obesity and Prediabetes – A Randomized, Controlled Trial of 3.0 mg of Liraglutide in Weight Management, 2015, New England Journal of Medicine
Domenica Rubino, Niclas Abrahamsson, Melanie Davies, Dan Hesse, Frank L Greenway, Camilla Jensen, Ildiko Lingvay, Ofri Mosenzon, Julio Rosenstock, Miguel A Rubio, Gottfried Rudofsky, Sayeh Tadayon, Thomas A Wadden, Dror Dicker ; Effect of Continued Weekly Subcutaneous Semaglutide vs Placebo on Weight Loss Maintenance in Adults With Overweight or Obesity: The STEP 4 Randomized Clinical Trial, 2021, JAMA
Louis J Aronne, Naveed Sattar, Deborah B Horn, Harold E Bays, Sean Wharton, Wen-Yuan Lin, Nadia N Ahmad, Shuyu Zhang, Ran Liao, Mathijs C Bunck, Irina Jouravskaya, Madhumita A Murphy ; Continued Treatment With Tirzepatide for Maintenance of Weight Reduction in Adults With Obesity: The SURMOUNT-4 Randomized Clinical Trial, 2024, JAMA
John P H Wilding, Rachel L Batterham, Melanie Davies, Luc F Van Gaal, Kristian Kandler, Katerina Konakli, Ildiko Lingvay, Barbara M McGowan, Tugce Kalayci Oral, Julio Rosenstock, Thomas A Wadden, Sean Wharton, Koutaro Yokote, Robert F Kushner; STEP 1 Study Group – Weight regain and cardiometabolic effects after withdrawal of semaglutide, 2022, Diabetes Obesity and Metabolism

