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Nestlé abandonne progressivement ses exploitations illégales de cacao en Afrique

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Sous la pression de plus en plus forte de la Communauté internationale, le géant suisse de l’industrie agro-alimentaire commence à abandonner ses exploitations illégales de cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana.

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Une équipe éditoriale spécialisée en nutrition. Auteurs du livre Les aliments bénéfiques (Mango Editions) et du podcast Révolutions Alimentaires.

        L’information est rapportée par le quotidien économique CommodAfrica. Une bonne nouvelle pour célébrer Pâques, et un geste fort mettant en lumière ce commerce souvent destructeur pour la forêt tropicale en Afrique de l’Ouest et désastreux pour les droits humains.

Si le Brésil, le Vénézuéla et le Pérou sont souvent associés à la culture des fèves de cacao, ces pays arrivent pourtant loin derrière le Cameroun, le Nigéria, et surtout le Ghana et la Côte d’Ivoire. Ces deux nations représentent à elles-seules les deux-tiers de la production mondiale.

L’intérêt économique de cette précieuse fève passe cependant en bonne partie avant toute considération légale, du point de vue écologique, avec des forêts tropicales dévastées, et humain, avec des conditions de travail très difficiles et l’exploitation de la main d’œuvre infantile.

Selon un récent rapport de l’ONG américaine Mighty Earth, pas moins de 30% de la production ivoirienne serait ainsi illégale. En tant que première entreprise agroalimentaire, Nestlé achetait jusqu’ici 80% de son cacao au Ghana et en Côte d’Ivoire. Face à la montée en puissance du commerce durable, la multinationale a cependant été contrainte de passer au crible l’origine de ses filières d’approvisionnement, en bonne partie situées en zones protégées.  

Abandon de 3 700 exploitations illégales dans des forêts protégées

La culture du cacaoyer demande de vastes superficies disponibles, dont ne disposaient pas à l’origine le Ghana et la Côte d’Ivoire, dominées par la forêt tropicale. Depuis les années 80, selon Mighty Earth, les exploitations sauvages ne sont pas loin d’avoir pratiquement détruit la biodiversité, avec 80 à 90% des forêts anéanties.

Les conséquences écologiques sont désastreuses, avec une multitude d’espèces menacées par la disparition de leur habitat (léopards, hippopotames, crocodiles et les fameux pangolins). De dizaines de milliers d’éléphants au début du XXe siècle, la Côte d’Ivoire en compte à peine plus de deux-cent désormais, impitoyablement traqués par les braconniers.

Sommée de contribuer à préserver les restes de la forêt tropicale, Nestlé a ainsi cartographié des dizaines de milliers d’exploitations au Ghana et en Côte d’Ivoire. La société suisse a pour l’instant retiré de ses chaînes d’approvisionnement 3 700 exploitations sauvages situées sur des terrains protégés. Nestlé s’est fixé l’année 2025 comme objectif pour disposer d’un approvisionnement en cacao 100% durable.

Renforcer le commerce équitable

Outre tenter d’enrayer la destruction de la forêt tropicale, la purification des chaînes d’approvisionnement vise aussi à lutter en faveur du commerce équitable. Les modèles agricoles du Ghana et de la Côte d’Ivoire ne figurent en effet pas parmi les plus exemplaires, avec une intense exploitation des enfants déscolarisés, pour des salaires le plus souvent inférieurs à un euro par jour.

En large partie incontrôlée, la culture du cacao recourt massivement au glyphosate, un désherbant aussi rapide que dangereux pour la santé. Pour tenter de contrôler ce vaste marché faisant survivre des centaines de milliers de personnes, les gouvernements des deux nations viennent cependant d’exiger une hausse des prix payés par les grandes entreprises agroalimentaires mondiales, menaçant au passage d’arrêter les chaînes d’approvisionnement. Au total, le marché mondial du cacao représente près de 100 milliards de dollars. 

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