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Les nanomatériaux dans l’alimentation : des risques pour la santé ?

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Une étude de l’Anses pointe du doigt le manque d’informations criant sur les nanomatériaux, couramment utilisés dans l’alimentation, qui pourraient présenter des risques sur la santé.

nanomatériaux

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Une équipe éditoriale spécialisée en nutrition. Auteurs du livre Les aliments bénéfiques (Mango Editions) et du podcast Révolutions Alimentaires.

Les nanomatériaux sont depuis longtemps présents dans l’alimentation. On les utilise souvent comme additifs, pour conserver ou rendre plus attractifs les produits (apparence, goût, texture…). On connaLeur effet sur la santé est en revanche toujours peu connu, soulevant nombre d’interrogations, et désormais beaucoup d’inquiétude.

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié sur son site un rapport listant pas moins de 900 produits alimentaires courants, contenant des nanomatériaux.

Une démarche utile, puisque ces minuscules éléments suscitaient jusqu’ici peu d’intérêt. Les étiquetages des produits ne les indiquent pas clairement. L’usage des nanomatériaux dans l’alimentation doit pourtant en théorie faire l’objet d’une déclaration depuis 2013.

Une majorité de produits alimentaires concernés

Selon la définition de l’Anses, « un nanomatériau manufacturé est un matériau de nature organique, inorganique ou composite, produit par l’Homme à des fins applicatives et composé en tout ou partie de particules constitutives présentant au moins une dimension comprise entre 1 et 100 nm (nano-échelle) ».

Toutefois, les nanomatériaux réunis sous forme d’agrégats peuvent largement dépasser la nano-échelle, ce qui est le cas dans les produits fortement transformés. L’étude de l’Anses a permis d’identifier 37 types de nanomatériaux présents ou susceptibles de l’être dans les aliments courants – faute d’étiquetage exhaustif.

Parmi les matériaux avérés figurent le dioxyde de titane et le carbonate de silicium, souvent utilisés comme additifs et ingrédients alimentaires. Les matériaux suspectés incluent le potassium, l’or, l’argent et notamment l’aluminium. Les nanomatériaux concernent la majorité des produits alimentaires, à commencer par le quart (25,6%) des laits infantiles, suivis par les confiseries (15,6%), les céréales pour le petit-déjeuner (14,8%) et les desserts surgelés (10,9%).

Vers un retrait complet des nanomatériaux ?

Les résultats de l’Anses n’ont pour l’instant valeur que d’état des lieux, la prochaine étape consistant à évaluer les risques réels des nanomatériaux sur la santé. Toutefois, l’agence française recommande d’ores et déjà d’éviter l’exposition à ces minuscules matériaux, si ce n’est pour les producteurs à en supprimer totalement l’usage.

De manière générale, les produits transformés augmentent les risques sur la santé (diabète, obésité, cancer…) – d’où le succès croissant des produits bio et bruts auprès des consommateurs. Pour l’instant la charte du bio ne prévoit pas d’incompatibilité avec les nanomatériaux, cependant ces derniers seront exclus des produits bio dès le 1er janvier 2021.

Même l’Anses ne livrera pas ses résultats avant l’année prochaine, l’inquiétude est déjà élevée, au point d’avoir suscité en janvier le retrait du controversé dioxyde de titane (additif E171).

Par ailleurs les nanomatériaux ne concernent pas uniquement les produits alimentaires, puisqu’on constate fortement leur présence dans les produits de beauté. Déjà, en 2018, une étude française indiquait les sérieuses inquiétudes planant autour de l’oxyde de zinc, susceptible de présenter un risque pour le cerveau. 

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